C’est un capharnaüm, un verger abandonné.
Ici il y a quelques années, du temps d’Antoine le producteur de fruits, on pouvait glaner et déguster les
meilleurs abricots que j’ai eu l’occasion de gouter. Des fruits juteux, sucrés et réchauffés par le soleil,
des pommes d’or qui fondaient dans la bouche en révélant les arômes subtils. Il connaissait son affaire
et obtenait le meilleur de ses arbres bien rangés. C’était il y a quelques années, et depuis, le temps
humain est passé, après le travail la retraite, puis l’abandon,
Etonnant comme la nature possède cette capacité à recouvrir nos traces fussent elles des plantations
bien agencées d’arbres fruitiers. Les pruniers sauvages, les chênes, le lierre, le gui et autres plantes
exploratrices ou opportunistes auront bientôt complètement raison de l’endroit et ce sera autre chose
qui ne cessera d’évoluer.
A travers ces photos assumées et totalement abstraites j’ai voulu rendre cet ancien lieu de production
devenu abandonné, en perdition et livré à lui même.
Mon choix artistique a été non pas de montrer le plus exactement et précisément possible ce que je
voyais mais d’utiliser mon appareil photo comme un pinceau caressant ces troncs, ces branches en
train d’être repris par la nature sauvage. Par ces mouvements intentionnels de la caméra générant des
flous dirigés, j’ai voulu représenter cet état d’abandon, ce retour de la nature sauvage.
Aucun traitement informatique n’a été appliqué, seule une correction des éléments de base (luminosité,
contraste…) a été réalisée.